Mental et Intuition

Nous connaissons tous des moments de doute et d’incertitude où nous ne savons pas quel choix faire ou vers quel chemin s’orienter. Notre « petite voix » à l’intérieur nous dirait bien d’aller par ici et non par-là, mais… quel crédit accorder à cette petite voix ? Est-ce une pensée, un ressenti ? Est ce qu’on y perçoit un sens particulier ?

Quelles sont les places du mental et de l’intuition ? Est-ce notre mental qui nous joue des tours ou bien notre intuition qui s’exprime ?

En effet, l’être humain connait ces deux fonctionnements. Dans un cas, le mental est le chef par sa structuration et son cadre. Dans l’autre cas, l’intuition prend le pas avec sa spontanéité et les émotions qu’elle suscite.

C’est l’occasion d’en définir les termes et d’en comprendre le sens global et les concepts associés.

Cette grosse machine, nous l’avons tous, nous l’utilisons tous à des degrés différents. Le mental est le fruit de la raison, de notre intellect, de la structuration de notre esprit. Il nous rend de grands services lorsqu’il s’agit d’organiser, de planifier, d'anticiper et de mener à bien tout un tas de projets dans notre vie. Il peut aussi nous aider à garder les pieds sur Terre lors de vagues émotionnelles qui nous submergent au cours de certains événements. Il nous permet de nous focaliser sur l’essentiel dans des situations de détresse. Il nous permet de vivre ensemble, d’appliquer les codes sociaux, d’être intégré. Il nous permet de tenir bon face à la souffrance, de faire preuve d’endurance et de détermination. Il nous permet de tenir un cadre de vie pour pouvoir évoluer. Fonctionner avec le mental, c’est suivre une logique de fonctionnement, sensée et mesurée, en accord avec nos principes, nos valeurs et nos coutumes.

L’intuition est rattachée aux facultés extra-sensorielles dont nous sommes dotées. Elle nous permet non seulement d’accéder à nos ressentis, nos émotions, nos sensations mais en plus de composer avec eux et à partir d’eux. Elle nous permet de vivre de la manière la plus juste avec soi-même ; en nous fiant à nos ressentis négatifs qui nous permettent d'éviter des situations compliquées ou à l’inverse en nous dirigeant vers le mieux pour nous, vers ce qui nous fait vibrer intérieurement. Elle ne demande pas à être comprise (pas de recherche de sens en dehors du fait d’être en accord avec ses ressentis), elle n’impose pas de cadre. Fonctionner de manière intuitive, c’est accepter les changements et les imprévus dans notre vie. Fonctionner ainsi suppose une ouverture intérieure. Dès lors où il y a ouverture, il peut y avoir remise en question et transformations.

mental VS intuition ?

En effet, c’est presque ça ! Mais pas complètement ! Les deux ont du bon et les deux ont leurs limites !

Quand bien même le mental puisse nous permettre de réaliser et construire plein de choses, trop de mental nous dessert. A trop structurer, nous passons à côté de notre intuition. A trop cadrer notre vie, notre intuition n’a pas l’espace pour s’exprimer. Le mental peut nous priver de l’expression de nos émotions, voire même du ressenti de ces dernières.

Poussé à l’extrême, nous apparaissons soit comme des êtres insensibles ou bien nous mettons en place des mécanismes automatiques en toute circonstance, appuyés par les habitudes, par les principes ou encore conditionnés par les apprentissages en lien avec l’éducation. Nous ne nous posons pas la question de ce que nous en pensons, ni si cela nous convient ou non. Nous agissons tel que nous l’avons appris et qu’il parait « normal » de faire ainsi. Conditionné par le mental, on peut trancher à partir d’un raisonnement très logique, sensé et défendable, mais qui peut nous faire passer à côté de choix que nous aurions fait « avec le cœur ».

Trop intuitif, pas bon non plus ! Nous ne sommes pas sur Terre pour être ailleurs ! L’intuition a du bon, mais en étant trop dans l’intuition, nous prenons le risque de manquer de réaliser, de construire, de s’accomplir. L’intuition peut nous faire passer d’une idée à une autre, toujours en nous guidant vers le meilleur, mais à elle seule, elle ne nous permettrait pas d’aller au bout d’un projet et d’atteindre certains plans jouissifs de la concrétisation (parfois nécessaire dans nos apprentissages) tel que la valorisation, la confiance, l’estime, la fierté, de notre entourage ou de nous-même. Nous pourrions tendre vers une vie instable, manquant de cadre et de repères, au jour le jour, avec un manque de projection sur l’avenir. Sans cette perspective, il est difficile de s’ancrer et de construire (un partenaire de vie ? une vie de famille ? un projet professionnel évolutif ?). Nous pouvons nous couper, non pas de nos sensations et ressentis, mais socialement ! Fonctionner intuitivement, qui exclut un fonctionnement "raisonné", induit de ne pas prendre partie au sens connu/courant/commun de la vie, au sens du fonctionnement sociétal (= des êtres humains ensemble). Les choix que nous ferions seraient dépourvus de sens ou de logique aux yeux de notre entourage, ainsi nous ne permetterions pas à ce dernier de nous comprendre. Sans la compréhension, l'acceptation devient difficile et nous pourrions perdre le soutien social. Hors, l'humain est un être profondément sociable. Qui se ressemble s'assemble... L’être humain se conforte dans les coutumes culturelles, dans les habitudes de vie, il s’éloigne naturellement de ce qui lui est étranger, peu ordinaire, ce qui peut générer une insécurité ou une instabilité dans son fonctionnement.

Poussé à l’extrême, nous apparaissons comme des êtres solitaires, dont le fonctionnement est régi par les sensations principalement corporelles et où chaque interaction avec l’environnement, vivant ou non, est source d’informations révélatrices de son être profond.

Vous l’aurez compris, les limites du mental sont les limites de l’intuition. Les deux ne sollicitent pas les mêmes ressources et ne peuvent fonctionner simultanément. L’intérêt est de pouvoir jongler entre les deux, à notre avantage, en faisant attention de ne pas tomber dans les automatismes et les conditionnements.

Définition du conditionnement :
Acquisition ou renforcement d'un comportement, d'une habitude par un système de corrélations entre un stimulus et une réponse. (Larousse)

mental et intuition :
chacun son espace et son temps

Nous sommes tous différents et chacun dosera en fonction de ses besoins. Certains ont un mental fort et un fonctionnement quotidien cadré qui leur convient ainsi. Pour d’autres, une intuition très développée et un plaisir avant toute autre chose de se sentir vibrer intérieurement… Nous sommes tous un peu des deux à la fois, dans des proportions différentes. L'important est de se connaitre et de trouver notre point d'équilibre.

Lorsque nous sommes à l’équilibre, nous pouvons observer la succession des deux, à notre avantage.
Voici quelques exemples :

Une personne choisirait de vivre dans le sud-ouest de la France. Il s'agirait d'un choix intuitif car aucune raison ne justifie de vivre dans cette zone géographique (pas de conjoint à suivre, pas de famille dans ce secteur, pas d’emploi en attente, etc.). Pour se faire, elle va user de son mental qui va lui permettre d’organiser judicieusement son déménagement (démission de son travail actuel, recherche d’un nouveau travail, vente de la maison, recherche d’un logement, location du camion de déménagement, etc.).

Une personne en vadrouille pour plusieurs mois se laisserait guider par son intuition pour faire des rencontres, vivre des expériences exceptionnelles et des temps forts mémorables. Elle userait de son mental pour subvenir à ses besoins : calculer ses finances et trouver des emplois ponctuels pour ne pas se retrouver à court d’argent, revoir l’organisation du voyage pour se donner les moyens d’assister à divers événements qui lui tiennent à coeur, etc.

Un gérant d’entreprise de vente de marchandises utiliserait son intuition pour recruter le personnel et composer les équipes de manière pertinente, ainsi que dans les choix des marchandises qui vont permettre à l'entreprise de se développer sur le marché. Son mental lui permettrait de structurer le fonctionnement de l’entreprise pour une bonne productivité et de poser un cadre auprès des employés pour garantir la cohésion d'équipe et le bien-être au travail.

Un parent poserait le cadre du quotidien de sa vie de famille : l'heure des devoirs des enfants, l’heure du repas, l’heure du coucher, les apprentissages au cours de la vie quotidienne (hygiène de vie, savoirs-vivre,...) et l'accompagnement dont il fait preuve quant aux expérimentations de ses enfants, le nombre de sorties dans le week-end, etc. Arrivé à l'heure en question, il écouterait son intuition pour improviser le choix du repas, la sortie du samedi matin ou autres prises d'initiatives non préméditées et qui aurait du sens à l'instant T pour toute la famille. Ceci lui permettrait notamment d'intervenir et de s'adapter de manière juste aux évolutions du système familial.

Une personne séparée de son partenaire pour qui la fin de relation serait douloureuse et difficile à accepter. Face à la situation, son mental la pousserait à analyser les raisons et à se remémorer en boucle les souvenirs, cherchant à comprendre ce qui a pêché et donner du sens à la situation pour la rationnaliser, voire trouver un moyen de "réparer" la relation. « Pourquoi il/elle m’a quitté ?! » ou "je n'arrive pas à croire que ce soit finit", "comment vais-je faire sans lui/elle?". Des pensées secondaires de dévalorisation pourraient être « je n’étais pas assez bien pour lui/elle » ou encore « je n’ai pas su le/la garder ». Le mental est trop fort et cette personne se contient dans ses schémas de pensées qui ne lui permettent pas de vivre pleinement sa peine, de s'apaiser ensuite émotionnellement, puis d'aller de l’avant pour enfin se reconstruire avec de nouveaux repères. L'intuition n'a pas d'espace pour s'exprimer et amener la personne vers les prises de conscience et vers les nouveaux repères de sa vie présente et à venir.

Une personne ferait le bilan douloureux qu’à presque 40 ans, elle n’a pas concrétisé de projets importants dans sa vie. Elle ferait le constat de s'être laissé aller au fil des événements, un travail amenant une nouvelle rencontre, cette nouvelle rencontre l'amenant à changer de région, ce dernier l'amenant de fait à changer de travail, enfin ce dernier emploi, l'amenant à changer de partenaire... Les événements auraient été vibrants et riches, guidée par une intuition qui aurait visé juste à coup sûr, mais ils ne lui auraient pas permis de concrétiser des projets qui lui auraient tenu à cœur. Son horloge biologique l'appellerait, la pression de se voir mère sans enfant augmenterait. Professionnellement, elle se demanderait où elle en est et qu'a-t-elle fait jusque-là? Ses projets initiaux lui tenaient tellement à coeur mais elle a tant reporté d'année en année...

Une personne aurait comme prisme quotidien les énergies, la beauté du monde et son être intérieur. Elle serait dans le rejet du monde physique, de la matière, refusant toutes attaches qui entraverait son libre-arbitre, notamment les liens affectifs, l'engagement professionnel ou la possession de biens matériels (logement, voiture, etc.) . Elle serait en quête de la liberté la plus absolue pour un retour à son être intérieur le plus pur et authentique qui soit. Forte de ses croyances en matière d'intuition qui la guide vers son être profond, elle se couperait de son entourage amical et familial "ils ne comprennent pas ma démarche" et partirait en quête de semblables "eux-autres me comprennent". La porte serait ouverte à un grand nombre d'interprétation du monde, de la vie, notamment dans des communautés déviantes et pouvant la mettre en danger. Le mental ne prendrait pas assez de place pour lui permettre de garder les pieds sur Terre et de bien incarner son être terrestre (ancrage), il ne lui permettrait pas de la préserver de la perte de repères et de l’isolement (par incompréhension de son entourage social). L’intuition aurait une place privilégiée de manière démesurée.

Un jeune parent menerait un rythme de vie soutenu, entre le travail, la gestion de la maison et des enfants, les sorties des uns et des autres, l'organisation familiale... Sa principale occupation serait d'anticiper au maximum pour s'éviter des imprévus. Il serait rentré dans une course après le temps car anticiper demande aussi du temps. En premier lieu, il s'agirait pour lui de se rassurer en se donnant les moyens d'assurer cette gestion globale, ceci en limitant les imprévus. Son mental le tiendrait au point de ne plus considérer l'instant présent. Où était-il lorsque son fils a fait ses premiers pas? Où était-il lorsque sa fille a eu son bac? Le corps au présent mais l'esprit parti composer le futur. Il passerait à côté des moments de vie du quotidien, ne les ressentant pas, il ne profiterait pas des émotions, du plaisir, des sensations qui lui permettraient de se sentir vivant. 

Lorsque nous ne sommes pas à l’équilibre (trop ou pas assez de mental), nous pouvons observer des dysfonctionnements, à notre désavantage.
Voici quelques exemples :

Les exemples cités ci-dessus sont inspirées de profils de personnes que j'ai eu l'occasion d'accompagner en séance et sont volontairement accentués afin de mieux rendre compte des limites atteintes par le mental et l'intuition. 

Il me parait important de préciser une fois de plus qu'il est difficile de rendre cet article exhaustif tant les éléments qui rentrent en jeux dans l'équilibre du fonctionnement de chacun sont variables.

De même les proportions dans lesquelles sont investis le mental et l'intuition sont très différentes pour chacun et l'intérêt pour l'un n'induit pas forcément le désintérêt pour l'autre. Il me parait plus juste de pouvoir formuler les phrases suivantes :

Lorsqu'on investi volontairement le mental dans des proportions importantes, on accorde automatiquement moins d'importance à l'expression de l'intuition. 
Lorsqu'on investi moins le mental, on est plus disponible pour percevoir les manifestations de notre l'intuition.
Lorsqu'on investi volontairement l'intuition dans des proportions importantes, on fait le choix d'utiliser le mental à des moments qui nous semblent opportuns. Cela nous emmène à questionner nos habitudes et nos choix de vie, et pour les personnes en quête de sens, je les invite à explorer l'éducation familiale, les valeurs et les principes inculqués au cours de leur vie.

Et vous, où en êtes vous ?

Où vous situez-vous ? Où placez-vous votre curseur ?

Comment vous sentez-vous? Vous sentez-vous à l'équilibre? Ou à l'inverse, ressentez-vous un déséquilibre dans votre fonctionnement? Trop dans le mental ou trop dans l'intuition? Sentez-vous que votre fonctionnement génère des blocages?

Quelques indicateurs des profils avec un mental dominant :

Le cadre, la rigidité, le contrôle
L'exigence, le perfectionnisme, la détermination, l'acharnement
L'insensibilité, l'absence de ressentis (corporels et psychologiques)
La résistance, l'endurance, le rapport de force
La stabilité, la régularité, la fiabilité, l'engagement
La rigueur, les automatismes
La capacité décisionnelle, le positionnement affirmé
L'observation, l'analyse, la compréhension
L'enfermement, la nostalgie, le sectarisme
La projection, la plannification, la concrétisation de projets d'envergures
La méfiance, la sécurité, la garantie

Les points difficiles à travailler : 

Le lâcher-prise
La souplesse, la tolérance, l'indulgence
La remise en question, l'ouverture d'esprit
L'imprévu, l'incontrôlable, la prise de risque
Elargir les possibles
L'instant T, vivre le présent
L'acceptation, le deuil
La prise de recul, la remise en question
L'empathie, l'amour

Votre curseur est plutôt vers le MENTAL : 

Quelques indicateurs des profils avec une intuition dominante :

Les ressentis (émotionnels, sensoriels, extra-sensoriels)
La perceptibilité, le feeling
L'ouverture d'esprit, l'imagination
La légèreté, la sérénité
La croyance, la foi
L'empathie, le don de soi, la réceptivité
La remise en question, l'évolution de son être, l'élévation de son être
Les valeurs universelles
L'expression de soi, l'émotivité, la réalisation de son être

Votre curseur est plutôt vers l'INTUITION : 

Quelques points difficiles à travailler : 

Le cadrage, la rigueur, la régularité, les limites
Choisir, trancher, décider, réduire les possibilités
La projection, l'apprentissage par l'expérimentation
La concrétisation, la réalisation
Contenir son émotivité
Le don de soi
L'ancrage
Privilégier la raison

En lien avec ma pratique

Les séances que je propose sont porteuses d'informations, de révélations. Bien souvent, une guidance se met en place dès le début et permet d'aller trouver les pièces du puzzle manquantes pour un éclairage globale. Les personnes plutôt intuitives vont pouvoir se saisir de ces éléments comme repères pour mieux se situer dans l'espace et le temps. Pour les personnes plutôt dans le mental, ces élements vont les aider à lâcher-prise sur certains points de leur vie (on vient mettre en lumière les mécanismes bloquants et maintenus par le mental). Souvent, il est question de symptômes exprimés par le corps car le psychisme n'a pas été en mesure d'en considérer les signaux. Il peut s'agir d'une douleur physique, d'une maladie, ou d'un état d'anxiété, d'un sommeil perturbé ou autre. Il sera question de mettre du sens en datant des événements et en mettant le projecteur sur les émotions qui n'ont pas été exprimées. La moitié du travail est déjà fait dès lors où la prise de conscience s'opère.

Pour les personnes rencontrant des blocages qui découleraient d'un déséquilibre entre le mental et l'intuition, il sera intéressant de comprendre et d'expliquer les raisons d'un trop fort mental (bagages héréditaires? conditionnement familial? vécu traumatique?) qui vous ferait passer à côté d'une partie de votre vie, ou bien d'une intuition débordante (fuite de soi-même? position à revoir dans une relation clef?) qui vous empêcherait de réaliser vos rêves.

Je vous souhaite de trouver votre équilibre, qui vous permette d'être à la fois suffisamment ancré et rêveur, structurant et souple, dans l'émotionnel et sans vous perdre.

Merci pour l'intérêt que vous avez porté à cet article.
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